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L'amour est le tout de la vie ; l'amour est impossible à vivre. Cette aporie est au cœur de la Princesse de Clèves. Elle ne s'applique évidemment pas aux formes multiples de la galanterie dont la cour du roi Henri II, sorte d'abrégé de la comédie humaine, donne le spectacle. Mais que peut-on appeler véritablement amour sinon le grand amour, vécu, selon des modalités diverses, par le prince de Clèves, par la princesse de Clèves et par le duc de Nemours ? C'est celui qui porte à s'absorber en l'être aimé ; celui qui aspire à la durée, exclut toute infidélité et ne peut concevoir sa fin, même dans la mort. Mais cet idéal, ce rêve est bousculé par les réalités de la vie. Qu'à cet amour fou ne réponde qu'un amour raisonnable, situation du prince de Clèves ; il n'engendre plus que malheur. Qu'un amour réciproque ne puisse s'épanouir sans infidélité, situation de la princesse de Clèves et du duc de Nemours : il perd alors sa pureté ; l'échec est inévitable. Au point que, devenue veuve et libre, et toujours amoureuse, la princesse ne peut que refuser le bonheur qui se présente, car il ne serait qu'illusion. Symphonie de l'amour, La Princesse de Clèves s'achève en poème de la condition humaine.
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